Il y a cinquante ans, une femme qui travaillait comme escorte à Londres devait cacher son activité sous des masques de discrétion. Aujourd’hui, elle peut avoir un site web, des réseaux sociaux et même des clients fidèles qui la suivent depuis des années. Ce n’est pas un simple changement de méthode : c’est une révolution culturelle, juridique et technologique qui a transformé l’industrie de l’escort à Londres.
Dans les années 1970, les escort girls à Londres étaient principalement des femmes issues de milieux modestes, souvent sans formation professionnelle. Elles ne travaillaient pas dans des bureaux, mais dans des chambres d’hôtel, des appartements loués au noir, ou même dans des voitures stationnées près de Hyde Park. Les annonces passaient par des journaux locaux comme Time Out ou des petits papiers glissés dans des boîtes aux lettres. Il n’y avait pas de contrats, pas de sécurité, pas de vérification d’identité. La seule règle : ne pas attirer l’attention.
La police surveillait de près les zones connues pour ce type d’activité. Les arrestations pour proxénétisme ou « conduite immorale » étaient fréquentes. Les femmes qui travaillaient dans ce secteur n’avaient pas accès à la justice. Si un client volait ou violait, elles ne pouvaient pas porter plainte sans risquer d’être arrêtées elles-mêmes.
Le téléphone portable a changé la donne. À la fin des années 1990, les escort girls ont commencé à utiliser des lignes dédiées, souvent gérées par des agences. Ces agences, bien qu’encore dans une zone grise juridiquement, offraient un minimum de protection : vérification des clients, horaires fixés, paiements sécurisés. Pour la première fois, une femme pouvait choisir ses clients, refuser un rendez-vous sans crainte de représailles, et même se faire payer à l’avance.
C’était aussi l’époque où les « gentlemen’s clubs » de Mayfair et de Knightsbridge ont commencé à recruter des escort girls comme « accompagnatrices » pour des événements privés. Ce n’était plus seulement du sexe - c’était du service, de la compagnie, de la présentation. Une femme pouvait gagner 500 livres par soirée en restant à table, en discutant, en souriant. Le rôle évoluait : l’escort n’était plus une prostituée, mais une professionnelle du divertissement.
En 2005, un site web appelé London Escort Directory a ouvert ses portes. Il n’était pas illégal. Il ne vendait pas de sexe. Il listait des femmes qui proposaient « des soirées de compagnie ». Le mot « escort » était utilisé comme un masque légal. Mais tout le monde comprenait ce que cela signifiait.
Les agences ont perdu du terrain. Pourquoi payer 50 % de ses revenus à une agence quand on pouvait créer un site soi-même, utiliser Instagram pour montrer sa personnalité, et attirer des clients riches et discrets ? Les femmes ont pris le contrôle. Elles ont appris à photographier, à rédiger des profils, à gérer les commentaires, à répondre aux messages. Certaines ont même embauché des assistants pour gérer les réservations.
Le profil type d’une escort à Londres en 2010 n’était plus une jeune femme en difficulté. C’était souvent une diplômée universitaire, une ancienne mannequin, une artiste, une expatriée. Elles avaient un compte bancaire, un appartement, une assurance santé. Elles travaillaient 3 à 4 jours par semaine, gagnaient entre 1 500 et 3 000 livres par mois - parfois plus - et ne se considéraient pas comme des victimes. Elles se voyaient comme des entrepreneures.
Aujourd’hui, en 2025, les escort girls à Londres utilisent des applications dédiées, des plateformes comme OnlyFans pour compléter leurs revenus, et des outils d’analyse pour comprendre les préférences de leurs clients. Elles ont des contrats écrits, des clauses de confidentialité, et parfois même des avocats.
Le service est devenu hyper-personnalisé. Un client peut demander une escort qui parle japonais, qui aime la lecture de poésie, qui sait préparer un thé anglais parfait, ou qui a un doctorat en philosophie. Les prix varient selon le profil : une femme avec un master de l’UCL peut demander 400 livres l’heure, tandis qu’une autre avec une expérience dans le théâtre londonien peut facturer 600 livres pour une soirée complète.
La loi britannique n’a pas suivi. Le commerce du sexe n’est pas illégal - mais le proxénétisme, la gestion d’un bordel, ou la publicité explicite le sont. Les sites comme Backpage ont été fermés. Les plateformes comme Facebook et Google interdisent les annonces liées à l’escort. Mais les femmes continuent. Elles utilisent des mots de passe, des pseudonymes, des sites cryptés, des forums privés. Elles se protègent mieux que jamais.
Chaque quartier de Londres a son propre écosystème. À Soho, les escort girls travaillent souvent en collaboration avec des bars et des clubs. Les rendez-vous sont courts, rapides, et souvent réservés en ligne. À Knightsbridge, les clients veulent des soirées d’au moins 4 heures, avec dîner, théâtre, et conversation. À Notting Hill, les escort girls sont souvent des artistes ou des étudiantes qui veulent gagner un peu d’argent sans compromettre leur identité.
À Chelsea, les clients sont des hommes d’affaires internationaux. Ils veulent de la discrétion absolue. Ils paient en espèces, en crypto, ou via des virements internationaux. Ils ne veulent pas de photos, pas de noms, pas de traces. Les escort girls de Chelsea utilisent des voitures de location, des hôtels temporaires, et des méthodes de communication chiffrées.
Malgré tout, la stigmatisation persiste. Les médias continuent de parler des escort girls comme de victimes ou de délinquantes. Mais les études menées par l’Université de Londres en 2023 montrent que 78 % des femmes interrogées se sentent en sécurité, satisfaites de leur choix, et ne souhaitent pas changer de carrière. Elles ne sont pas exploitées - elles sont autonomes.
Des groupes de soutien, comme Escort Rights UK, ont été créés pour aider les femmes à accéder à la santé mentale, à la protection juridique, et à la formation professionnelle. Certains ont même commencé à organiser des conférences sur l’entrepreneuriat féminin dans les industries non conventionnelles.
La question qui se pose aujourd’hui n’est plus « les escort girls existent-elles ? » mais « comment les protéger vraiment ? »
Les politiciens hésitent. Interdire, c’est pousser le secteur dans l’ombre. Légaliser, c’est risquer d’ouvrir la porte à la commercialisation massive. La solution la plus réaliste, selon les experts, serait de créer un cadre légal pour les travailleuses du sexe - comme pour les travailleurs indépendants. Un numéro d’identification, une assurance, des droits à la retraite, une protection contre les abus.
À Londres, les femmes qui travaillent comme escort girls ne sont plus des ombres. Elles sont des professionnelles. Elles ont des compétences, des choix, et une voix. Leur histoire n’est pas celle de la déchéance - c’est celle de l’adaptation, de la résilience, et de la réinvention.
Oui, vendre des services sexuels est légal au Royaume-Uni. Ce qui est illégal, c’est le proxénétisme, la gestion d’un bordel, ou la publicité explicite. Les escort girls qui travaillent seules, sans tiers, et sans affichage public, sont dans une zone légale grise mais souvent tolérée.
Les revenus varient selon l’expérience, le quartier et le profil. Une débutante peut gagner entre 150 et 250 livres par heure. Une professionnelle reconnue, avec un bon réseau et une réputation solide, peut facilement facturer 400 à 800 livres par heure, avec des soirées complètes à plus de 3 000 livres.
Moins qu’avant. En 2025, plus de 70 % des escort girls à Londres travaillent en indépendantes. Les agences existent encore, mais elles sont souvent perçues comme des intermédiaires coûteux. Les femmes préfèrent garder le contrôle sur leurs tarifs, leurs clients et leurs horaires.
Les principaux risques sont les clients violents, les arnaques (paiement non effectué), et la pression sociale. Mais les femmes ont développé des protocoles de sécurité : vérification d’identité, rendez-vous en public pour la première rencontre, partage de localisation en temps réel, et accès à des lignes d’urgence dédiées.
Elles choisissent ce métier pour la liberté, le revenu élevé, et la flexibilité. Beaucoup ont des études, des projets personnels, ou des enfants. Ce travail leur permet de gagner plus en moins de temps que dans un emploi traditionnel. Ce n’est pas un dernier recours - c’est un choix stratégique.